L’automutilation
Ce
long texte est tout particulièrement ciblé pour aider les personnes qui
s’automutilent. Mais, si un de vos proches s’automutile, vous pouvez y
tirer des informations.
Définition de l’automutilation : Beaucoup
de personnes agissent d’une manière qui peut leur nuire, cependant tout
acte nuisible a soi-même ne rentre pas dans la catégorie «
automutilation ». Par exemple, si quelqu’un fume, on ne va pas dire
qu’il s’automutile. Par contre, si vous faites quelque chose nuisible
avec un effet immédiat et dans le but de vous faire mal, cela est de
l’automutilation. Par exemple, le fait de se couper ou de se frapper
volontairement sont des actes d’automutilation.
Selon Kahan et Pattison (1984; Pattison et Kahan, 1983), l’automutilation se caractérise par
-
Son caractère direct : c’est un acte réalisé dans un bref moment avec
un effet intentionnel de se faire mal immédiatement. La blessure est
immédiate.
- Intention de mourir dans un court ou long terme. Mais
généralement, dans la grande majorité des cas, la personne qui
s’automutile, n’a à aucun moment pensé à mourir.
- La répétition :
en général, l’automutilation est un phénomène répétitif. Une personne
peut rester plusieurs mois sans s’automutiler mais recommencer après
plusieurs mois.
L’automutilation peut prendre diverses formes. Les
2 formes les plus courantes sont le fait de se couper ou de se brûler
volontairement. D’autres formes existent mais sont beaucoup plus
marginales comme le fait de se frapper soi-même, se gratter jusqu’au
sang, s’arracher les cheveux, se casser un os, empêcher une blessure de
guérir.
Est-ce que l’automutilation est une tentative de suicide cachée ?Comme il est dit plus haut, dans la grande majorité des cas d’automutilation, il n’est pas question de suicide caché.
Favazza
(1998) dit que “. . . l’automutilation est différente du suicide (…)
Une connaissance de base est qu’une personne qui cherche véritablement
a se suicider a pour but de mettre fin a tout sentiment alors qu’une
personne qui pratique l’automutilation le fait dans le but de se sentir
mieux”
Pourquoi quelqu’un se fait volontairement du mal ? Cette
question est certainement la plus choquante pour les personnes qui ne
pratiquent pas l’automutilation. L’automutilation est un rapide moyen
pour quelqu’un qui ressent quelque chose de très fort ou qui se sent
dépassé par ce qu’il ressent. Pour diminuer l’anxiété, la tension
ressentie, la douleur. Certaines situations provoquent une très forte
augmentation de l’anxiété, la tension et l’automutilation permet, sur
un plan psychologique de ramener le niveau d’anxiété et de tension à un
niveau presque normal. L’automutilation peut provoquer un sentiment de
culpabilité ou de colère envers soi-même.
Quelques raisons qui peuvent pousser quelqu’un à s’automutiler : *La volonté d’échapper a un sentiment de vide, de dépression, d’irréel.
*Pour diminuer la tension ressentie
*Pour
soulager une immense peine ou douleur intérieure. Le fait de ressentir
une douleur physique permet de diminuer la douleur ressentie à
l'intérieur pour ces personnes
*Pour exprimer une douleur émotionnelle
*Avoir un sentiment d’euphorie
*Pour
se punir. Les victimes d’abus, de maltraitance durant leur enfance ont
souvent le sentiment que ce qu'il leur est arrivé était leur faute et
par ce moyen se punissent.
( rappel important : ce n’est jamais la faute de la victime)
*Souvent
beaucoup de personnes victimes d’abus ont à l’intérieur d’eux une
immense colère et s’automutiler est un moyen d’exprimer cette colère
que peut-être vous n’osez pas exprimer ouvertement.
*Avoir un sentiment de contrôle et de pouvoir sur son propre corps
*Revenir a la réalité pour les personnes qui souffrent de multiples personnalités.
*Provoquer un sentiment de sécurité et le sentiment d’être unique
*Exprimer ou réprimer ses sentiments par rapport à sa sexualité
*Exprimer le sentiment de « devenir fou/folle »
*Se sentir en vie lorsqu’on a l’impression d’être mort a l’intérieur
*Elimine des sentiments intolérables pour un moment
Les
personnes qui s’automutilent sont souvent incapables de dire pourquoi
elles le font. C’est juste un moyen de se sentir mieux pour elles.
Qui pratique l'automutilation ?Les caractéristiques psychologiques des personnes qui s'automutilent d'une façon caricaturale.
Il semble que ce soient des personnes qui:
*qui ne s'aiment pas
*sont très sensibles à toute forme de rejection
*sont d'une façon récurrente en colère contre elles-mêmes
*qui ont tendance à supprimer leur colère
*ont
un niveau élevé d'agressivité. Elles sont contre cette agressivité
qu'elles ont à l'intérieur et cherche à supprimer cette agressivité ou
la redirige vers l'automutilation
*sont impulsifs et ont une plus grande difficulté à contrôler ce côté impulsif de leur personnalité
*ont tendance à agir en fonction de leur humeur du moment
*ont tendance à ne pas faire de plans pour le futur
*sont dépressives
*souffrent d'une anxiété chronique
*ont tendance à être facilement irritables
*ne se voient pas elles-mêmes dotées des capacités de surmonter leurs difficultés
*n'ont pas une flexibilité par rapport à leur capacité d'affronter les difficultés
*ont tendance à éviter les choses
*ne se voient pas elles-mêmes comme des personnes possédant un pouvoir sur elles-mêmes
Les causes Von
der Kolk, Perry, et Herman (1991) ont mené une étude qui révèle qu'une
personne qui a été exposé a un abus sexuel ou physique, qui a été
négligé sur un plan physique ou émotionnel, auront tendance a pratiquer
l'automutilation. De la même façon, le plus tôt l'abus a commence, le
plus de chance il y a que l'automutilation soit sévère. Ils ont montres
que les victimes d'abus sexuels sont les personnes qui ont le plus
tendance a s'automutiler.
Une autre cause importante révélée par
d'autres études est le fait de grandir dans un environnement ou
l'individu ne reçoit pas de validation.
L'invalidation se pressente essentiellement sous 2 formes: •
Lorsqu'une personne vous dit que vous décrivez et interprétez vos
propres expériences d'une mauvaise manière. Cela s'applique notamment a
tout ce qui est relatif aux émotions, croyances et actions, a ce qui
les provoquent.
• Vos expériences sont montrées du doigt comme socialement inacceptables.
Quelques exemples pour rendre cela plus clair:- "Tu es en colère mais tu ne veux pas le reconnaître"
- "Tu as dit non mais je sais qu'en fait que tu penses oui"
- "Je sais que c'est toi (mais ce n'est pas vous en vérité). Arrête de mentir"
- "Tu es juste fainéant"
- "Tu n'essayes pas assez"
L'automutilation
peut être un symptôme d'un autre problème. Exemple de maladies dans
lesquelles l'automutilation peut-être un symptôme ou associée a cette
maladie (il s'agit d'une liste non exhaustive):
- Problèmes alimentaires
- T.O.C : Troubles obsessionnels du comportement
- Maniaco-depression
- Les réactions de stress post-traumatique
- L'anxiété et/ou les attaques de panique
Mais
la tendance est de considérer l'automutilation comme un désordre en
lui-même et non simplement associe à une autre maladie.
Conseils pour remédier a l'automutilation par vous-mêmeVous trouverez ici quelques conseils pour vous aider à vous couper, brûler…etc.
.Mais
la première chose est de savoir si vous êtes prêt-e à arrêter. Il
s'agit d'une décision très personnelle. Cela peut vous prendre beaucoup
de temps pour savoir si vous êtes prêt-e à arrêter. Vous pouvez aussi
décidé que ce n'est pas le bon moment que vous avez besoin de ça pour
l'instant, mais vous devez rester conscient que cela ne peut pas non
plus durer éternellement. Soyez sure, si vous prenez la décision que le
moment n'est pas venu pour vous d'arrêter de toujours assurer votre
sécurité en n'ayant aucun contact avec une autre personne qui saigne et
en respectant les règles de premier soins, notamment en désinfectant la
plaie.
Et si possible, prendre rendez-vous avec un médecin généraliste, ou aller aux urgences, pour faire soyer les blessures.
Alderman
(1997) a suggère une liste pour vous savoir si vous êtes prêt-e à
arrêter. Il n'est pas nécessaire de répondre oui a toutes les
questions, une ou deux réponses peuvent être suffisantes.
•
J'ai un solide système de support émotionnel à travers des amis, la
famille et/ou des professionnels auxquels je peux faire appel quand je
ressens le besoin de me faire mal.
• Il y a au moins 2 personnes dans mon entourage que je peux appeler si je désire me blesser volontairement.
• Je me sens confortable pour parler de mon automutilation avec au moins 3 personnes.
• J'ai une liste d'au moins 10 choses que je peux faire au lieu de m'automutiler
• J'ai un endroit ou aller si j'ai besoin de quitter ma maison pour ne pas me faire de mal.
• J'ai confiance que je suis capable de me débarrasser de tout ce que je pourrais utiliser pour me blesser volontairement.
• J'ai dit a au moins 2 personnes que j'allais arrêter de m'automutiler.
• Je suis prêt(e) à me sentir mal, effraye(e) et frustre(e).
• J'ai confiance que je peux supporter la pensée de m'automutiler sans réellement le faire.
• Je veux arrêter de me blesser volontairement (le plus important).
Comment arrêter ? Est-ce que certains des "remèdes" ne sont pas presque aussi "mauvais" que s'automutiler ? Il
y a différentes manières de réagir lors d'une crise ou vous ressentez
le désir de vous automutiler. On peut par exemple faire quelque chose
qui produit une forte réaction : serrer des glaçons dans vos mains,
prendre un bain/douche chaud/froid, mordre dans quelque chose qui a un
goût très prononce (citron, piments ...). Faire corréler les sentiments
et les réactions est très utile.
Ces stratégies marchent car elles
provoquent des émotions intenses similaires a celles provoquées par
l'automutilation. Le besoin de s'automutiler fonctionne par vagues.
Cela vous laisse le temps de "respirer" entre 2 vagues. Le but est
d'essayer de résister au plus grand nombre de vagues possibles. Au
début vous pourrez peut-être résister seulement à la première vague
puis vous automutiler a la seconde. Mais a chaque fois que vous
résistez, vous gagnez en capacité de résister et bientôt vous serez
capable de résister à plusieurs vagues successives, jusqu'a ce que vous
arrêtiez complètement.
La différence essentielle entre ces
stratégies de remplacement et l'automutilation est que ces stratégies
ne produisent pas des effets durables. Si vous serrez une poignée de
glaçons jusqu'a ce qu'ils fondent, vos doigts seront gelés, douloureux,
mais le lendemain, vous n'aurez aucune marque: pas de cicatrice, pas de
trace de brûlure, pas de bleu, etc., vous n'aurez rien a justifier. Il
est aussi peu probable que vous vous sentiez coupable à cause de ces
stratégies de remplacement, peut-être un peu idiot-e, mais ceci n'est
pas bien grave.
Ces moyens n'ont pas pour but de guérir l'origine
de l'automutilation. Ils vous aident à passer au travers des mauvais
moments sans rendre les choses pires à long terme. Ils vous montrent
aussi que vous pouvez passer au travers d'une crise sans vous blesser
volontairement.
Votre première tache quand vous décidez d'arrêter
est de casser le cycle, de vous forcer à essayer ces nouvelles
stratégies pour diminuer la tension, le stress, l'anxiété, etc. Vous
devez vraiment faire un gros effort car ça ne va pas venir tout seul.
Vous devez travailler dans ce sens, vous battre, vous obligez à faire
autre chose.
Au début, cette autre chose sera certainement
vraiment minime, peut-être quelque chose du genre punitif. Mais c'est
un premier pas:vous avez pris la décision de faire quelques chose. Et
même si vous ne prenez pas encore la même décision la fois suivante et
que vous vous automutilez, vous savez que c'est un choix, celui de ne
pas faire autre chose. Rien ne pourra supprimez cette première fois ou
vous avez choisi de faire autre chose. Si vous vous automutilez lors de
la prochaine crise, c'est que vous avez fait ce choix. Vous n'êtes plus
impuissant-e face à cette situation, vous avez maintenant la
possibilité de faire un choix entre différentes alternatives.
Idées de stratégies de remplacement Beaucoup
de gens essayent ces stratégies, elles marchent pour certaines
personnes et ne marchent pas pour d'autres. Pour augmenter vos chances
que ces stratégies marchent pour vous, vous devez essayer d'identifier
pourquoi vous ressentez le besoin de vous automutiler? Qu'est ce que
vous ressentez ? Etes-vous en colère ? Frustre(e) ? Fatigue(e) ? Triste
? Désespérément voulant vous faire du mal ? Incapable de ressentir ?
Votre
prochaine étape est de faire correspondre ce que vous ressentez avec la
stratégie que vous allez utiliser. Quelques exemples :